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Spectacles

Apepipopupup - « AT FIRST SIGHT »

July 17, 2023

« AT FIRST SIGHT »

« J’ai mis au point un système simple. Dire les choses

successivement comme on transporte des pierres.

On renverse la brouette là où il y a de la place.

Il n’y a pas d’introduction ni de chute. »

Olivier Cadiot, Irréparable

FLASHBACK

14 avril 2023. J’assiste avec des membres du blog du Théâtre Les Halles, à un bout de répétition de Apepipopup, le spectacle de Pierre-Isaïe Duc. At first sight, vu le laïus introductif : — On n’est pas prêts, la lumière ne va pas, le son ceci, la vidéo cela, etcétéra, etcétéra, les fragilités exposées pourraient tromper quant à la nature de l’objet... Mais le point de chute dudit laïus met direct les pendules à l’heure : — C’est pas une performance, hein... (regard appuyé) c’est un spectacle !

26 avril. C’est une grande première... Je n’ai vu ni performance ni spectacle de Pierre- Isaïe Duc et de sa Compagnie Corsaire Sanglot. Love at first sight du 14 confirmé mais petit bémol, le zeste de cruauté apprécié dans le bout de répétition : éclipsé !

27 avril. Fin d’après-midi. Comme j’ai lu dans le Journal de Sierre l’article d’Isabelle Bagnoud « Composter en quartier » (inauguration, 18h00, route des Crêtes, Veyras) et que j’ai un souci de compost, je démarre à plein gaz – à pied, direction route des Crêtes en me fiant à mon téléphone. L’air est doux, le ciel gris, c’est beau, ça monte raide, je suis dans les vignes, soudain dans les arbres et j’ « intuite » quelque chose qui ne joue pas... Je rebrousse chemin – chemin pris après avoir quitté la petite route zigzaguant vers l’est... Mais c’est l’ouest que je vise : l’objectif c’est le plat de Veyras où s’inaugure la mise en service des bacs à compost vus sur la photo du Journal de Sierre. Bon, je suis dans les arbres, à l’est de Veyras qui est à l’ouest... Téléphone en main je vise Google Maps en évitant de justesse un sportif en stand by près d’un tas de fumier... Lui aussi consulte son téléphone ; Google Maps l’a envoyé à Miège précisément là où je suis et c’est dans l’odeur de fumier que nous cherchons le plat de Veyras. Au guidon d’un vélo électrique précédé du carrosse dans lequel je monte : une voiturette où je suis ceinturée serré, le sportif m’apprend qu’en Asie du Sud-Est et en Chine on appelle rickshaw l’engin qu’il a enfourché – mais je suis en Valais, à la Noble-Contrée, et carrosse me sied ! Après quelques digressions géographiques, on fonce droit en bas la pente et nous voilà sur le plat de Veyras. Mon sportif freine sec devant les bacs à compost et les dernier.ères convives.

— C’est... c’est... c’est une performance ? demande une fille après avoir avalé cul sec son petit verre de rouge...

— Non, un spectacle ! (je cherche quoi inventer) Six semaines de répétition sous une pluie torrentielle.

— Ah ! conclut la fille au cul sec (avec l’air de me croire).

28 avril. Le 27 est tombé dans le jour suivant.

AVERTISSEMENT

Ceci est le fruit, plutôt le bourgeon, concrètement l’amorce, de ce qu’a inspiré la rencontre d’une machine à coudre (le spectacle Apepipopup) et d’un parapluie (voir Point de chute).

GLOSSAIRE

A La première lettre de l’alphabet suivie d’un « t » introduit une expression dont la portée est capitale pour un instant ou une vie. Suivie d’un « . », c’est le titre d’une célèbre chanson des Rita Mitsouko. Voir At first sight, Les histoires d’A., Point de chute.

AMORCE Est le participe passé de l’ancien verbe amordre qui a signifié « mordre » ou « faire mordre », d’où « attirer » et « appâter ». Ainsi l’amorce est la chose qui est mordue, l’appât. Le dérivé amorcer est passé de « attirer, flatter, séduire » à des valeurs concrètes, par exemple : amorcer un texte (d’après Le Robert). Apepipopup, spectacle de Pierre-Isaïe Duc, ravive le souvenir de Nées là mais d’où I et Nées là mais d’où II, deux performances avec Marie-France Martin (Ferme-Asile, Sion, 2011) mais ne ravive pas des souvenirs d’enfance – à regret ! Voir Apepipopup, Machine à coudre, Mots, Parapluie, Point de chute.

APEPIPOPUP ! Pour son spectacle, Pierre Isaïe Duc a interviewé ses anciens camarades de classe se trouvant sur la photo de 1ère enfantine prise en 1971 devant l’école primaire de son village natal, Chermignon. Photo dite de celles et ceux de la Régente Monique. Moments de retrouvailles. Pierre Isaïe Duc égrène le nom de chaque élève introduit par Je suis. De mémoire : je suis Valérie, je suis Nicolas, je suis Isabelle, je suis Patrick, je suis Michel, Gérard, Evelyne, Gilbert, Hector, Gertrude, Simone, Tom, Rita, Patricia, etcétéra... (Pour de vrai, ces prénoms sont les prénoms chantés dans Les histoires d’A., une chanson des Rita Mitsouko ; sauf Isabelle et Patricia qui pour de vrai sont prononcés par Pierre-Isaïe Duc.) Apepipopup raconte des bouts de vie, d’amour, de mort, d’amitié, des bouts d’enfance, des bouts de souvenirs, tristes, cocasses, joyeux, étranges, douloureux, troubles aussi parfois ; raconte le destin d’un groupe de gamins nés au même endroit, ayant vécu ensemble pendant une dizaine d’années, se connaissant tous près de cinquante ans plus tard. C’est le poème d’un bled qui ressemble à tous les bleds. D’Ici ou d’Ailleurs. Cela n’a aucune importance. (D’après l’info du Théâtre Les Halles.) Voir Amorce, Les histoires d’A., Point de chute.

AT FIRST SIGHT Expression ordinairement précédée d’un cœur. Voir A, Amorce, Apepipopup, Machine à coudre, Parapluie, Point de chute.

BEAUTÉ « [...] beau [...] surtout, comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie. » Lautréamont, Les Chants de Maldoror, VI. Célèbre phrase du poète Isidore Ducasse connu sous le pseudonyme de Comte de Lautréamont que les surréalistes ont reconnu comme l’un de leurs plus éminents précurseurs. Voir At first sight, Machine à coudre, Mots, Parapluie, Point de chute.

LES HISTOIRES D’A. ... Valérie s’ennuyait / Dans les bras de Nicolas / Mais Nicolas, celui-là / Ne le savait pas / Isabelle a attendu attendu, attendu / Mais Patrick n’est jamais reparu / Yeah he ye / ... Les histoires d’a / Les histoires d’am / Les histoires d’amour finissent mal / Les histoires d’amour finissent mal en général / ... Yeah, yeah, yeah / Ho, ho / ... Michel aimait Gérard / Et Gérard le lui rendait si bien / Qu’à la fin ça ne rendait rien / Evelyne toute sa vie attendait / Que le monsieur en gris lui sourit, yeah, yeah, yeah / ... Gilbert euh, Gilbert partit en voyage / Juste au moment de son mariage / Han han, et Hector, alors / Hector est mort en faisant une fugue / Il allait retrouver Gertrude / ... Simone et Tom s’engueulaient / Dès que vingt et une heures sonnaient, yeah / ... Les histoires d’amour finissent mal en général (4 x) / Yeah, yeah, yeah, hey / Wahou, hou, hey, yeah, yeah... Chanson des Rita Mitsouko. Voir Amorce, Apepipopup.

MACHINE À COUDRE Voir Amorce, Beauté, Mots, Parapluie, Point de chute.

MOTS « J’ai oublié les mots pour vous le dire. Je les savais et je les ai oubliés, et ici je vous parle dans l’oubli de ces mots. Contrairement à toutes les apparences, je ne suis pas une femme qui se livre corps et âme à l’amour d’un seul être, fût-il celui qui lui est le plus cher au monde. Je suis quelqu’un d’infidèle. Je voudrais bien retrouver les mots que j’avais mis de côté pour vous dire ça. Et voici que quelques-uns me reviennent. Je voulais vous dire ce que je crois, c’est qu’il fallait toujours garder par-devers soi, voici je retrouve le mot, un endroit, une sorte d’endroit personnel, c’est ça, pour y être seul et pour aimer. Pour aimer on ne sait pas quoi, ni qui ni comment, ni combien de temps. Pour aimer, voici que tous les mots me reviennent tout à coup... » Emily L., roman de Marguerite Duras. Voir Amorce.

PARAPLUIE Voir Amorce, Beauté, Mots, Machine à coudre, Point de chute.

POINT DE CHUTE Le 27 tombe dans le 28 avril. L’air est frais, le ciel étoilé, le vin chaud réchauffe. Une paire d’iris (bleu-azur ? bleu-vert ?) parlotte avec les prunelles marron du sportif, voir Flashback. (Prunelles et iris avaient rendez-vous, quel hasard ! Mes pupilles se joignent à eux.) Les iris irisés parlent, parlent, parlent. À mes pupilles, à ses prunelles. Santé à nos âmes déjà perdues ! (piqué à une chanson, je ne me souviens plus laquelle). Les 26 27 et 28 avril tombent les uns dans les autres, quel hasard ! Voir Amorce, Mots.

Patricia Martin, le 21 mai 2023

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