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Spectacles

Dans le ventre de l'architecte ...

November 16, 2022

Dans le ventre de l'architecte...

Je me souviens de longues discussions que nous avions (avec Jean Eustache) sur la question du vrai et du faux. Il soutenait que le principe de base du cinéma devait être la réalité, et plus encore, la vérité. Ce à quoi je lui opposais qu’il n’y avait pas d’autre vérité que la fiction.

Jacques Rivette

« L'amour fou » , travail de Nicolas Zlatoff, inspiré d'un film de Jacques Rivette, présenté aux Halles du 10 au 19 novembre me paraît être à la fois une démonstration, une performance et une représentation :

- démonstration de ce que l'acteur peut mener dans une recherche théâtrale autour d'un personnage

- performance dans le sens où l'improvisation est l'outil de base de ce travail

- représentation par la présence du public et le fait de poser un acte « spectaculaire » en soi.

C'est dans cette triangulation que se situent les qualités et les limites de la proposition de Nicolas Zlatoff.

Il est intéressant de découvrir un processus de travail des comédiens.

Il est doit être jouissif d'oeuvrer dans un tel canevas où l'improvisation révèle la richesse d'un texte mais aussi le potentiel d'un acteur.

Il est parfois un peu étonnant, peut-être dérangeant, d'entrer dans une forme d'intimité du travail mais aussi dans un acte où théâtralité et réalité s'entrecroisent.

Le canevas proposé est le suivant :

Dans un premier temps, les acteurs nous lisent, sans intention, une scène de « La Mouette » de Tchekhov. Le metteur en scène, omniprésent souligne par des Ah ! Oh ! certains éléments. C'est probablement très pertinent. C'est un processus de travail. Le spectateur se perd un peu. Le spectateur risque de perdre le texte de Tchekhov.

Puis, le meneur de jeu, avec l'aide de ses comédiens, propose une ligne d'intention principale d'improvisation. Tel personnage va explorer sa pauvreté matérielle, tel autre son manque de bonheur... C'est là que la représentation atteint, par moments, son intensité. La maîtrise affichée dans les improvisations est assez bluffante. On sent que les formations de type Manufacture développent intensément cet aspect. Nicolas Zlatoff sait aussi s'entourer d'actrices de qualité. C'est aussi un peu frustrant de voir, par moments, les personnages de Tchekhov réduits à une caractéristique. Ne risque-t-on pas de perdre, en tant que spectateur, un peu de l'intensité des personnages de Tchekhov? Mais... le choix de ce texte n'est-il pas qu'un « prétexte » ?

Le dispositif est remarquable, cohérent, sans concessions et l'originalité de la proposition est à souligner.

Le travail de Nicolas Zlatov ne laisse jamais indifférent et des sentiments très divers (curiosité, exaspération, admiration, perplexité...) s'entrechoquent.

Je trouve ça stimulant.

Alain Bonvin

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