En utilisant ce site web, vous acceptez que des cookies soient stockés sur votre appareil afin d'améliorer la navigation sur le site, d'analyser son utilisation et de contribuer à nos efforts de marketing.
Consultez notre politique de confidentialité pour plus d'informations.
FERMER
Spectacles

La Révérence de et par Emeric Cheseaux

November 11, 2023

La Révérence de et par Emeric Cheseaux

…un spectacle fort, émouvant, un moment de partage qui parle à chacun d’entre nous par sa justesse et son impertinence. Un spectacle drôle tant il est le miroir de notre culture, de nos (mauvaises) habitudes, de nos préjugés, de nos forces aussi…

Emeric l’annonce d’entrée en scène. Ce moment sera placé sous le signe de la bienveillance et du partage. L’apéritif servi (pour de vrai) en guise d’introduction à sa pièce en sera l’illustration, une image identitaire forte du Valais. Cliché ? Certes, mais qui fait trop du bien comme on dit et dont on sourit avec un plaisir non dissimulé parce que servi dans un contexte inattendu…

On ne peut qu’être séduit par ce petit (le mot est lâché) jeune qui nous invite à sa fête de départ. Un départ (il va quitter la maison familiale), vécu comme un enterrement par beaucoup (on assiste sitôt l’apéro servi, à une homélie drôle et sarcastique mais ô combien culpabilisante) comme un modèle à suivre pour d’autres, ceux qui en ont rêvé mais n’ont pas osé.

Invité en résidence au Théâtre Les Halles à Sierre, Emeric Cheseaux a transformé sa performance de sortie de l’Ecole de la Manufacture, une autofiction, en un spectacle jouissif, poignant, incisif, remarquablement bien joué. Le titre joue sur les mots. Révérence, c’est aussi bien tirer sa révérence (s’en aller) que faire sa révérence (au théâtre).

Emeric vient d’un monde agricole où les destins sont tracés d’avance, les accents assumés, son village le centre du monde. Il a besoin d’aller voir ailleurs. Sa décision d’entrer dans une école de théâtre laisse ses proches interloqués, « tu vas revenir le week-end ? » « je t’aurais bien vu instituteur ou curé », « tu peux pas finir comme ça ! ». Et aussi : « on viendra te voir à Paris ! », parce que réussir dans le théâtre, c’est monter à Paris. Genève c’est trop proche…La pièce joue sur deux tableaux. Les réactions à son départ sont en écho aux réactions à son coming out.

Sa perception de son milieu, qui a pu être teintée de mépris à l’époque, a changé. Elle est devenue source d’inspiration. Emeric a pris de la distance en partant vers la ville. Il parle maintenant du Valais avec tendresse.

Emeric base sa pratique sur le mimétisme. Pour élaborer sa pièce, il a construit un lexique des expressions récurrentes qui seront utilisées (avec l’accent !) par les quelques dix personnages qu’il incarne sur scène. Il a intégré sa famille au projet, sa mère qui a compris que le projet dramaturgique implique des exagérations, des adaptations. Il remercie ses parents pour le chemin qu’ils ont parcouru et nous en rend témoins.

Sa tournée à Sierre affiche complet. On a vite compris pourquoi !

Anne-Do. Zufferey

Photo Aline Paley

Partager